La politique sécuritaire examinée au Conseil des droits de l’homme
La politique d’immigration et d’intégration des minorités du gouvernement de Silvio Berlusconi est sous le feu des critiques.
L’Italie passe ce mardi son examen périodique universel devant le Conseil des droits de l’homme. La date ne pouvait pas mieux tomber – ou pire, c’est selon: le hasard du calendrier fait que c’est un mois, jour pour jour, après la violente chasse aux immigrés en Calabre que le gouvernement doit répondre de sa politique en matière de droits humains.
«Que font les autorités pour garantir le droit des migrants et des requérants d’asile interceptés en mer?» s’inquiète le Danemark. «Quelles mesures sont prévues pour lutter contre les propos racistes et xénophobes, surtout lorsqu’ils émanent d’hommes politiques?» renchérit la Norvège.
Les ONG sont plus explicites: «Nous déplorons vivement l’augmentation de la violence contre les migrants, les Roms et les Sintis, martèle Judith Sunderland, représentante de Human Rights Watch en Italie.
L’amalgame entre migrants et criminels est total et les étrangers sont régulièrement attaqués par les «patrouilles citoyennes». Ce climat d’intolérance se nourrit d’un discours officiel raciste et xénophobe – surtout au niveau local, mais aussi national: la Ligue du Nord, qui tient le Ministère de l’intérieur, est clairement contre les immigrés.»
Et les médias, contrôlés pour la plupart par le gouvernement, ne parlent d’immigration que par le biais de la sécurité. «A Rosarno, les télévisions nationales passaient en boucle les images de migrants en train de casser des voitures, mais c’est à peine si elles ont montré ceux qui se faisaient tabasser!» s’exclame-t-elle.
Renvoi des migrants:
Quant au renvoi en bloc des migrants interceptés en mer, il constitue une violation flagrante de la Convention sur les réfugiés. «Entre mai et août 2009, plus de 500 personnes ont été renvoyées vers la Libye, continue Judith Sunderland, sans qu’aucune procédure d’asile équitable leur soit offerte – pas même aux femmes enceintes, aux personnes âgées et aux mineurs non accompagnés.» A leur arrivée en Libye, les migrants sont souvent maltraités, renvoyés dans le désert et livrés à eux-mêmes.
Human Rights Watch s’inquiète aussi de nombreuses extraditions de terroristes présumés – ou condamnés comme tels – vers des pays où ils risquent la torture. «Le 9 août 2009, l’Italie a expulsé Ali Toumi vers la Tunisie, malgré un arrêt contraire de la Cour européenne des droits de l’homme», relève la Grande-Bretagne. «L’Italie demande à la Tunisie des garanties diplomatiques pour que la personne extradée ne soit pas torturée. C’est une tendance qui se renforce dans de nombreux pays, mais nous y sommes fermement opposés, car ces garanties ne sont pas crédibles», insiste Judith Sunderland.
La Suède demande des explications sur les évictions forcées des Roms et des Sintis «sans qu’aucun recours effectif ni alternative adéquate ne leur soient offerts». Quant à la Norvège, elle veut en savoir plus sur la prévention de l’homophobie et la discrimination des minorités sexuelles. Et sur la protection fournie aux journalistes menacés par la criminalité organisée ou accusés de diffamation.
Isolda Agazzi: “Le Temps” del 9 febbraio 2010
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