Pire que la Grèce, l’Italie est le principal danger de la zone euro

LE MONDE | 23.02.10 | 14h53 • Mis à jour le 23.02.10 | 14h59

Pour l’économiste canadien Robert Mundell, fréquemment présenté comme l’inspirateur de l’euro, l’Italie constitue “la plus grande menace” qui soit pour la monnaie unique européenne. Le lauréat du prix Nobel d’économie 1999 a raison en ce sens que, contrairement à la Grèce ou à d’autres petits Etats en crise, l’Italie est une économie trop importante pour que l’on puisse envisager une quelconque opération de sauvetage. Si elle est dans une situation moins dramatique que certains, l’Italie est vulnérable et doit rassembler son courage pour réduire la dépense publique et mettre le holà à l’envolée de sa dette.

La situation italienne a jusqu’à présent suscité moins d’inquiétude parce que son déficit budgétaire ne figure pas parmi les plus lourds de la zone euro, mais Giulio Tremonti, le ministre des finances, a tout de même dû reconnaître que le pays n’avait tout simplement pas les moyens de financer un plan de relance. Le déficit public a représenté 5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2009, un chiffre sans commune mesure avec les 13 % observés en Grèce, ni avec les pourcentages à deux chiffres affichés par l’Irlande, le Portugal et l’Espagne.

Cette modération n’est toutefois que le reflet d’une fragilité qui ne date pas d’hier. L’Italie se classe en deuxième position après la Grèce pour ce qui est de la dette publique totale, équivalente à 120 % du PIB. Elle a déjà du mal à assumer la charge du seul service de sa dette, et ne pourrait pas supporter une hausse des taux d’intérêt induite par une crise qui se produirait au bord de la mer Egée, dans la péninsule ibérique ou au Royaume-Uni. Comme M. Mundell le souligne, l’Italie serait vite saisie d’asphyxie et il serait impossible de la sauver.

Un contexte de récession

Le gouvernement italien doit absolument concevoir et commencer à mettre en oeuvre des projets de réforme. Bien sûr, le contexte de récession en fera hésiter plus d’un. Le PIB italien a reculé de 0,2 % au cours du dernier trimestre 2009 et de 2,8 % sur l’année entière, soit davantage que le PIB allemand, qui a, de son côté, baissé de 2,4 %. Ceci étant, le budget de l’Etat offre depuis longtemps de nombreuses possibilités de coupes qui devraient avoir peu d’effets négatifs sur la croissance.

L’allégement de l’appareil bureaucratique ouvrirait de nouvelles perspectives au secteur industriel, qui a perdu en compétitivité par rapport à l’Allemagne mais qui garde toute sa supériorité sur la Grèce et l’Espagne.

La vraie question est de savoir si l’Italie est capable de réagir avec la détermination qui s’impose, car c’est un pays de longue date dirigé par des gouvernements faibles et divisé par une fracture profonde entre le Nord et le Sud. Il faudra de la poigne. Sans cela, le prochain choc qui frappera l’Italie l’enverra tout droit au tapis.

 

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